Un film noir et granuleux défile sans fin. Comme si j’étais cloué sur place, je le regarde se dérouler sous mes semelles, tranquille et régulier. Avec délectation, j’avale le bitume comme d’autres se jettent sur un dessert au chocolat. J’ai toujours faim de kilomètres. Gourmand ou masochiste… un peu fêlé qui sait ? Je ne suis pas le seul à me poser la question. Quel plaisir peut-on ressentir à courir aussi longtemps ? Mais qu’attend le corps pour raisonner le cerveau, lui dire qu’il faut s’arrêter ? Pendant que mes orteils s’activent au rythme des foulées, mon complexe hypothalamo-hypophy-saire m’injecte de l’endorphine, plus de cinq fois la dose normale. Ce petit cocktail d’opium et de morphine me procure une sensation de bien-être. Voilà qui s’explique. Drogue et addiction, premiers symptômes bigorexiques ? On s’inquiète pour moi. Gare à l’overdose ! On m’alerte : « Stop Forrest, … Stop ! »
Je suis tombé dans la potion magique lors d’un premier footing improvisé où je me suis arrêté, essoufflé au bout… d’un kilomètre ! Les mois suivants, j’augmentais la distance pour me retrouver avec surprise au départ de mon premier semi. Les premières courses, le plaisir se limitait juste à gagner quelques minutes, …quelques secondes. Est arrivée ensuite la distance mythique, celle qui fait rêver, où le seul objectif est de terminer pour s’inviter dans la famille des marathoniens.
Ce fut lors de la Braderie de Lille où je découvris avec surprise que je pouvais conjuguer mon plaisir de courir avec celui de découvrir une ville vraiment différemment. Mon appétit pour le tourisme en short n’allait plus s’arrêter.
Marathons de Parme, Venise, Berlin, Rotterdam, Munich, New York, Dublin, Amsterdam, Los Angeles, Londres, … et plus hexagonaux comme Paris, Dunkerque, couru 12 fois en 12 ans, La Rochelle, Lyon, Reims avec un record en 3 h 39, Pauillac pour 3 Médocs (Hic !), … et récemment le trail de la SaintéLyon qui, comme son nom l’indique, m’a permis de relier la cité des Verts à la capitale des Gaules.
A tout cela, s’ajoutent les inoubliables miles savourés dans « les rues de San Francisco », Boston, Montréal, Tokyo, Hiroshima, Pékin, Shanghai, Madras, Cayenne, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Marrakech, Lviv ou Cracovie. Chacun de ces parcours restant à jamais imprégné dans ma mémoire.
Ce fut lors de la Braderie de Lille où je découvris avec surprise que je pouvais conjuguer mon plaisir de courir avec celui de découvrir une ville vraiment différemment. Mon appétit pour le tourisme en short n’allait plus s’arrêter.
Marathons de Parme, Venise, Berlin, Rotterdam, Munich, New York, Dublin, Amsterdam, Los Angeles, Londres, … et plus hexagonaux comme Paris, Dunkerque, couru 12 fois en 12 ans, La Rochelle, Lyon, Reims avec un record en 3 h 39, Pauillac pour 3 Médocs (Hic !), … et récemment le trail de la SaintéLyon qui, comme son nom l’indique, m’a permis de relier la cité des Verts à la capitale des Gaules.
A tout cela, s’ajoutent les inoubliables miles savourés dans « les rues de San Francisco », Boston, Montréal, Tokyo, Hiroshima, Pékin, Shanghai, Madras, Cayenne, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Marrakech, Lviv ou Cracovie. Chacun de ces parcours restant à jamais imprégné dans ma mémoire.
Je pense… donc je cours.
Plus je cours, moins je me presse. Je profite du paysage et des conversations avec ceux qui partagent ma foulée au hasard des kilomètres. Mes jambes déroulent et mon cerveau s’évade… Je cours, donc je pense. Je pense, donc je cours. Allonger la distance devient pour moi le meilleur moyen d’augmenter le plaisir. Progressivement, les 42,195 passent à 50, puis à 100. Pelotons différents pour d’autres ambiances. Moins de fougue pour plus de sagesse.
Je me régale sur les 100 km de Millau et m’offre vingt fois ceux de Steenwerck que je n’ai abandonnés que deux fois (18/20, une bonne note pour un prof !). Les courses à kilomètres s’effacent de temps en temps pour des 6, des 24 ou des 48 heures… voire des 6 jours pour un festin royal l’année dernière avec 512 km. Douze marathons consécutifs et sans indigestion ! Le marathonien se transforme en cent-bornard, circadien, puis ultra-marathonien.
Plaisir de collectionner les marathons et leurs saveurs, plutôt que d’accumuler les records de vitesse. J’en suis aujourd’hui à 176.
En attendant le deux centième qui sera fêté avec faste, je dégusterai bientôt celui de Rome, puis le Trail des Pyramides Noires, 100 km de bassin minier tout en escaladant une vingtaine de terrils.
Enfin, l’apothéose au mois d’août où je m’attaquerai au géant des ultras, la Transe-Gaule qui est la course la plus longue de France. Départ de Roscoff, arrivée à Narbonne, soit 1 200 km, deux fois l’Everest en dénivelé positif, le tout en 19 étapes. Gargantuesque ! Le seul fait d’y penser me donne la chair de poule, me fait dresser les poils sur la tête…
Jean-Charles Cailliez,
Collectionneur de marathons
Merci à Jean-Charles de nous avoir permis de reprendre cet extrait du magazine Vue d'Ensemble de l'Université Catholique de Lille.
Plus je cours, moins je me presse. Je profite du paysage et des conversations avec ceux qui partagent ma foulée au hasard des kilomètres. Mes jambes déroulent et mon cerveau s’évade… Je cours, donc je pense. Je pense, donc je cours. Allonger la distance devient pour moi le meilleur moyen d’augmenter le plaisir. Progressivement, les 42,195 passent à 50, puis à 100. Pelotons différents pour d’autres ambiances. Moins de fougue pour plus de sagesse.
Je me régale sur les 100 km de Millau et m’offre vingt fois ceux de Steenwerck que je n’ai abandonnés que deux fois (18/20, une bonne note pour un prof !). Les courses à kilomètres s’effacent de temps en temps pour des 6, des 24 ou des 48 heures… voire des 6 jours pour un festin royal l’année dernière avec 512 km. Douze marathons consécutifs et sans indigestion ! Le marathonien se transforme en cent-bornard, circadien, puis ultra-marathonien.
Plaisir de collectionner les marathons et leurs saveurs, plutôt que d’accumuler les records de vitesse. J’en suis aujourd’hui à 176.
En attendant le deux centième qui sera fêté avec faste, je dégusterai bientôt celui de Rome, puis le Trail des Pyramides Noires, 100 km de bassin minier tout en escaladant une vingtaine de terrils.
Enfin, l’apothéose au mois d’août où je m’attaquerai au géant des ultras, la Transe-Gaule qui est la course la plus longue de France. Départ de Roscoff, arrivée à Narbonne, soit 1 200 km, deux fois l’Everest en dénivelé positif, le tout en 19 étapes. Gargantuesque ! Le seul fait d’y penser me donne la chair de poule, me fait dresser les poils sur la tête…
Jean-Charles Cailliez,
Collectionneur de marathons
Merci à Jean-Charles de nous avoir permis de reprendre cet extrait du magazine Vue d'Ensemble de l'Université Catholique de Lille.